Author: | André Gaillard | ISBN: | 1230001322408 |
Publisher: | RG | Publication: | August 26, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | André Gaillard |
ISBN: | 1230001322408 |
Publisher: | RG |
Publication: | August 26, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait : Dans un monde inconnu.
Ensuite, ils reprenaient leur promenade monotone. Tout à coup, l’un d’eux, le plus jeune, s’arrêta net et, passant son bras en dessous de celui de son compagnon, lui dit :
— Écoute, Jules, cette vie ne peut plus continuer ainsi ! J’en suis absolument dégoûté !
— Que ferais-tu d’autre ? demanda son ami.
— Mais aller au loin, répondit son compagnon, voir des pays inconnus, forcer le destin, quitte à laisser mes os dans l’aventure ou en revenir riche.
— C’est vite dit, répondit le plus vieux, mais pas si vite fait.
— Et pourquoi pas ? dit l’autre. Depuis des mois je me prépare à tenter le coup. J’ai suivi des cours du soir d’anglais et d’espagnol, j’ai perfectionné ma façon de travail au point de pouvoir dire sans forfanterie que je suis le plus habile monteur-électricien des Usines Électriques.
— Dans ces conditions, dit Jules, pourquoi n’essaies-tu pas de te créer ici-même un avenir ? Tu peux devenir contremaître, directeur, patron même. Rappelle-toi Gramme, notre compatriote et ses débuts modestes. Crois-moi, Lucien, il y a place pour toi comme pour d’autres.
— Non, répondit ce dernier, car nous sommes cent et plus pour une place. Ce n’est pas toujours le plus capable qui l’emporte, mais le plus chançard ou le plus pistonné. Que veux-tu que je fasse, moi, sans parents, sans appui ?
Extrait : Le royaume merveilleux.
Depuis la guerre qui avait mis aux prises l’empire du Soleil et l’A. B. C., c’est-à-dire le triumvirat composé de l’Argentine, du Brésil et du Chili, cinq ans s’étaient écoulés.
Lucien Rondia, devenu Roi d’Araucanie et beau-fils d’Atahualpa ii par son mariage avec la fille de l’inca de l’empire du Soleil, avait mis à profit ce laps de temps pour moderniser son royaume. Du moins, une partie qui se composait de Punta Arenas et son hinterland, car le reste du territoire était resté inaccessible aux étrangers. Suivant en cela l’exemple de son beau-père, il avait édicté des lois sévères, punissant même de mort celui qui aurait dépassé les limites autorisées.
C’est ainsi qu’à 500 kilomètres du port de Punta Arenas s’était créée une ville à l’aspect bizarre, aux cheminées gigantesques, crachant la fumée jour et nuit.
On se serait cru transporté dans une de ces usines telles que l’usine Krupp, à Essen, le Creusot, en France, et d’autres fabriques monstrueuses. Mais en pénétrant à l’intérieur, on se serait aperçu que ces ateliers n’avaient de ressemblance avec ceux d’Europe que l’aspect extérieur, car nul ouvrier n’y séjournait. Tout l’immense outillage qui remplissait les halls fonctionnait, mais mécaniquement.
Extrait : Dans un monde inconnu.
Ensuite, ils reprenaient leur promenade monotone. Tout à coup, l’un d’eux, le plus jeune, s’arrêta net et, passant son bras en dessous de celui de son compagnon, lui dit :
— Écoute, Jules, cette vie ne peut plus continuer ainsi ! J’en suis absolument dégoûté !
— Que ferais-tu d’autre ? demanda son ami.
— Mais aller au loin, répondit son compagnon, voir des pays inconnus, forcer le destin, quitte à laisser mes os dans l’aventure ou en revenir riche.
— C’est vite dit, répondit le plus vieux, mais pas si vite fait.
— Et pourquoi pas ? dit l’autre. Depuis des mois je me prépare à tenter le coup. J’ai suivi des cours du soir d’anglais et d’espagnol, j’ai perfectionné ma façon de travail au point de pouvoir dire sans forfanterie que je suis le plus habile monteur-électricien des Usines Électriques.
— Dans ces conditions, dit Jules, pourquoi n’essaies-tu pas de te créer ici-même un avenir ? Tu peux devenir contremaître, directeur, patron même. Rappelle-toi Gramme, notre compatriote et ses débuts modestes. Crois-moi, Lucien, il y a place pour toi comme pour d’autres.
— Non, répondit ce dernier, car nous sommes cent et plus pour une place. Ce n’est pas toujours le plus capable qui l’emporte, mais le plus chançard ou le plus pistonné. Que veux-tu que je fasse, moi, sans parents, sans appui ?
Extrait : Le royaume merveilleux.
Depuis la guerre qui avait mis aux prises l’empire du Soleil et l’A. B. C., c’est-à-dire le triumvirat composé de l’Argentine, du Brésil et du Chili, cinq ans s’étaient écoulés.
Lucien Rondia, devenu Roi d’Araucanie et beau-fils d’Atahualpa ii par son mariage avec la fille de l’inca de l’empire du Soleil, avait mis à profit ce laps de temps pour moderniser son royaume. Du moins, une partie qui se composait de Punta Arenas et son hinterland, car le reste du territoire était resté inaccessible aux étrangers. Suivant en cela l’exemple de son beau-père, il avait édicté des lois sévères, punissant même de mort celui qui aurait dépassé les limites autorisées.
C’est ainsi qu’à 500 kilomètres du port de Punta Arenas s’était créée une ville à l’aspect bizarre, aux cheminées gigantesques, crachant la fumée jour et nuit.
On se serait cru transporté dans une de ces usines telles que l’usine Krupp, à Essen, le Creusot, en France, et d’autres fabriques monstrueuses. Mais en pénétrant à l’intérieur, on se serait aperçu que ces ateliers n’avaient de ressemblance avec ceux d’Europe que l’aspect extérieur, car nul ouvrier n’y séjournait. Tout l’immense outillage qui remplissait les halls fonctionnait, mais mécaniquement.