Author: | Émile Souvestre | ISBN: | 1230002536293 |
Publisher: | Michel-Lévy frères (Paris) 1852 | Publication: | September 7, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Émile Souvestre |
ISBN: | 1230002536293 |
Publisher: | Michel-Lévy frères (Paris) 1852 |
Publication: | September 7, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Au nord de l'Ecosse, et non loin des montagnes où la Dee prend sa source, se trouve un village nommé Soumak, qu'entourent de vastes terrains, aujourd'hui incultes pour la plupart.
Là vivait, il y a quelques années, un pauvre bossu appelé William Ross, et plus connu sous le nom de William le Laid. Il était maître d'école de Soumak ; mais une douzaine d'enfants à peine suivaient ses leçons ; car les habitants du village méprisaient d'autant plus l'instruction, que William était le seul d'entre eux qui eût étudié. Or, comme la science n'avait pu lui procurer une position élevée, tous en avaient conclu qu'elle était inutile ; et l'on disait à Soumak, en forme de proverbe :
— Cela ne te servira pas plus que les livres de William le Laid.
Cependant ces moqueries n'avaient pu changer les goûts du maître d'école. Sans orgueil et sans ambition, il continuait à étudier, dans le seul but d'élever son intelligence et d'agrandir de plus en plus son âme. Il réussissait d'ailleurs, souvent à faire adopter d'utiles mesures, en poussant d'autres que lui à les conseiller ; et tout ce qui s'était accompli de bien à Soumak depuis, dix ans, était dû à son influence cachée.
Content d'aider ainsi au progrès, il supportait sans se plaindre le mépris qui lui était témoigné. C'était un de ces cœurs pleins de chaleur et de clémence qui, comme le soleil, éclairent tout autour d'eux sans s'inquiéter des injures, et qui trouvent, dans l'accomplissement même du devoir, l'encouragement et la récompense.
Il descendait un jour la colline, en lisant un nouveau Traité d'agriculture reçu de Bervic, lorsqu'il entendit derrière lui un bruit de pas et de voix : c'étaient James Atolf et Edouard Roslee qui regagnaient le village avec Ketty Leans.
Le bossu rougit et se rangea, car il savait que tous trois aimaient à le railler sans pitié ; mais la route était trop étroite pour qu'il pût les éviter. James fut le premier qui l'aperçut.
— Eh ! c'est William le Laid, dit-il avec ce rire insolent que donne la force lorsqu'elle n'est point modérée par la bonté ; il a encore le nez dans son grimoire.
Au nord de l'Ecosse, et non loin des montagnes où la Dee prend sa source, se trouve un village nommé Soumak, qu'entourent de vastes terrains, aujourd'hui incultes pour la plupart.
Là vivait, il y a quelques années, un pauvre bossu appelé William Ross, et plus connu sous le nom de William le Laid. Il était maître d'école de Soumak ; mais une douzaine d'enfants à peine suivaient ses leçons ; car les habitants du village méprisaient d'autant plus l'instruction, que William était le seul d'entre eux qui eût étudié. Or, comme la science n'avait pu lui procurer une position élevée, tous en avaient conclu qu'elle était inutile ; et l'on disait à Soumak, en forme de proverbe :
— Cela ne te servira pas plus que les livres de William le Laid.
Cependant ces moqueries n'avaient pu changer les goûts du maître d'école. Sans orgueil et sans ambition, il continuait à étudier, dans le seul but d'élever son intelligence et d'agrandir de plus en plus son âme. Il réussissait d'ailleurs, souvent à faire adopter d'utiles mesures, en poussant d'autres que lui à les conseiller ; et tout ce qui s'était accompli de bien à Soumak depuis, dix ans, était dû à son influence cachée.
Content d'aider ainsi au progrès, il supportait sans se plaindre le mépris qui lui était témoigné. C'était un de ces cœurs pleins de chaleur et de clémence qui, comme le soleil, éclairent tout autour d'eux sans s'inquiéter des injures, et qui trouvent, dans l'accomplissement même du devoir, l'encouragement et la récompense.
Il descendait un jour la colline, en lisant un nouveau Traité d'agriculture reçu de Bervic, lorsqu'il entendit derrière lui un bruit de pas et de voix : c'étaient James Atolf et Edouard Roslee qui regagnaient le village avec Ketty Leans.
Le bossu rougit et se rangea, car il savait que tous trois aimaient à le railler sans pitié ; mais la route était trop étroite pour qu'il pût les éviter. James fut le premier qui l'aperçut.
— Eh ! c'est William le Laid, dit-il avec ce rire insolent que donne la force lorsqu'elle n'est point modérée par la bonté ; il a encore le nez dans son grimoire.