Author: | Alphonse Momas | ISBN: | 1230003035054 |
Publisher: | Paris-Bruxelles, 1900 | Publication: | January 16, 2019 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Alphonse Momas |
ISBN: | 1230003035054 |
Publisher: | Paris-Bruxelles, 1900 |
Publication: | January 16, 2019 |
Imprint: | |
Language: | French |
Dans la salle de départ de la gare, à Dijon, les voyageurs, prenant leur ticket pour le train de Paris, remarquaient un homme d’une cinquantaine d’années, qui allait et venait, avec au bras une fillette, fort jolie et fort élégante, de taille déjà assez élancée, pour qu’on s’étonnât des jupes courtes qu’elle portait encore.
Quelques personnes les connaissaient, car on les saluait fréquemment, et l’on finit par savoir que c’était l’oncle et la nièce, l’oncle, monsieur Paul Pleindinjust, président de tribunal, la nièce, mademoiselle Agathe Luneterre, âgée de quatorze ans, orpheline de père et mère, dont il était le tuteur.
Le tuteur accompagnait sa pupille à la gare pour la confier à un ami, qui acceptait de la ramener à un pensionnat, et cet ami n’apparaissait pas.
Une affaire importante obligeait le magistrat à s’en remettre à autrui d’un soin qu’il avait toujours rempli lui-même, et il
éprouvait un vif chagrin à cette séparation avec une enfant qu’il aimait exagérément, et que la crainte des malins propos contraignait seule à faire instruire loin de lui.
Paul Pleindinjust était veuf, et une fillette aux yeux éveillés, à l’allure hardie, s’épanouissant sous son toit, dans la maison solitaire qu’il occupait à Saint-Abime, lieu de son siège judiciaire, n’eût pas manqué d’attirer l’attention sur sa sévère personne.
On dit qu’il n’y a de pires vertueux que les plus austères fripouilles, cet homme prêtait au dicton.
Sa nièce au bras, il la laissait se presser câlinement contre son épaule, il abaissait de temps en temps un regard aigu sur les yeux qu’elle levait, et on devinait qu’à l’émotion de l’oncle pouvait bien s’en joindre une plus intime, se rattachant à des rapports plus ou moins avouables avec la fillette.
Et leur étrange attitude éveillait aussitôt les curi
Dans la salle de départ de la gare, à Dijon, les voyageurs, prenant leur ticket pour le train de Paris, remarquaient un homme d’une cinquantaine d’années, qui allait et venait, avec au bras une fillette, fort jolie et fort élégante, de taille déjà assez élancée, pour qu’on s’étonnât des jupes courtes qu’elle portait encore.
Quelques personnes les connaissaient, car on les saluait fréquemment, et l’on finit par savoir que c’était l’oncle et la nièce, l’oncle, monsieur Paul Pleindinjust, président de tribunal, la nièce, mademoiselle Agathe Luneterre, âgée de quatorze ans, orpheline de père et mère, dont il était le tuteur.
Le tuteur accompagnait sa pupille à la gare pour la confier à un ami, qui acceptait de la ramener à un pensionnat, et cet ami n’apparaissait pas.
Une affaire importante obligeait le magistrat à s’en remettre à autrui d’un soin qu’il avait toujours rempli lui-même, et il
éprouvait un vif chagrin à cette séparation avec une enfant qu’il aimait exagérément, et que la crainte des malins propos contraignait seule à faire instruire loin de lui.
Paul Pleindinjust était veuf, et une fillette aux yeux éveillés, à l’allure hardie, s’épanouissant sous son toit, dans la maison solitaire qu’il occupait à Saint-Abime, lieu de son siège judiciaire, n’eût pas manqué d’attirer l’attention sur sa sévère personne.
On dit qu’il n’y a de pires vertueux que les plus austères fripouilles, cet homme prêtait au dicton.
Sa nièce au bras, il la laissait se presser câlinement contre son épaule, il abaissait de temps en temps un regard aigu sur les yeux qu’elle levait, et on devinait qu’à l’émotion de l’oncle pouvait bien s’en joindre une plus intime, se rattachant à des rapports plus ou moins avouables avec la fillette.
Et leur étrange attitude éveillait aussitôt les curi