Palpitants destins croisés dans un métro parisien, dans l'ombre des attentats du 13 novembre.
Albert Sourniat, écrivain et critique littéraire à la retraite, est hanté par le souvenir de son fils Paul, disparu à l'âge de 17 ans. Barbara, une Afro-Américaine, chante dans le métro. Le hasard est-il la seule raison de leur rencontre ? Chacun cache des secrets et des blessures derrière sa solitude. Pourquoi Paul a-t-il soudainement quitté le domicile familial ? Pourquoi Barbara s'est-elle exilée en France ? La relation de plus en plus étroite d'Albert et Barbara offrira à chacun une nouvelle voie. Mais, la station de métro Châtelet, lieu de rencontre, connaîtra la violence des attentats...
Un drame bouleversant sur l'un des attentats les plus médiatisés de ces dernières années
EXTRAIT
Chaque 27 février, je descends dans la vie souterraine pour répondre à un appel auquel il me serait impossible de me dérober. Ce jour-là, je rejoins la station de métro Châtelet, où je reste des heures, assis sur un banc, à attendre. Quoi ? Rien, bien sûr. L’espoir est mort depuis longtemps.
Si depuis dix ans je me plie à ce rite absurde, c’est pour m’empêcher de tourner définitivement la page. Ne pas oublier sans comprendre. Je sais qu’en restant un long moment dans ce décor de faïence, l’ordre du temps se brouille et hier redevient aujourd’hui.
Voilà deux heures que je guette les quais, à droite, à gauche, que j’observe les escaliers mécaniques monter, descendre, débarquer des foules d’inconnus qui apparaissent et disparaissent aussi vite. Bouches avides qui engloutissent et rejettent à chaque instant des milliers d’ombres qui se croisent dans une parfaite transparence. Si beaucoup pressent le pas, moi, je reste immobile à les observer. Fantômes identiques à ceux d’autrefois, quand j’errais d’une station à l’autre, l’angoisse au ventre.
Combien de jours, de semaines, ai-je passé à scruter ces visages anonymes, à arpenter les couloirs, à traverser les correspondances, à courir d’une ligne à l’autre ?
À attendre, surtout attendre. Combien de mois ai-je cherché sa silhouette dans cette population du sous-sol, m’attardant sur les plus mal vêtus, les plus égarés, les plus imbibés d’alcool ou de drogues. Je montrais sa photo aux clochards, aux chanteurs publics, aux dealers, en les priant de bien regarder pour me dire s’ils reconnaissaient ce jeune… Paul, mon fils.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Denis Labayle, médecin et écrivain, est l'auteur de nombreux textes. Certains de ses essais font aujourd'hui référence comme La vie devant nous et Tempête sur l'hôpital ou encore Pitié pour les hommes. Il a publié sept romans dont Cruelles retrouvailles (Prix du roman du Doubs en 2002, Prix Littré en 2003) et Parfum d'ébène (Prix du Roman d’amour 2004), mais aussi Rouge majeur et Noirs en blanc (Prix Armorice 2013).
Palpitants destins croisés dans un métro parisien, dans l'ombre des attentats du 13 novembre.
Albert Sourniat, écrivain et critique littéraire à la retraite, est hanté par le souvenir de son fils Paul, disparu à l'âge de 17 ans. Barbara, une Afro-Américaine, chante dans le métro. Le hasard est-il la seule raison de leur rencontre ? Chacun cache des secrets et des blessures derrière sa solitude. Pourquoi Paul a-t-il soudainement quitté le domicile familial ? Pourquoi Barbara s'est-elle exilée en France ? La relation de plus en plus étroite d'Albert et Barbara offrira à chacun une nouvelle voie. Mais, la station de métro Châtelet, lieu de rencontre, connaîtra la violence des attentats...
Un drame bouleversant sur l'un des attentats les plus médiatisés de ces dernières années
EXTRAIT
Chaque 27 février, je descends dans la vie souterraine pour répondre à un appel auquel il me serait impossible de me dérober. Ce jour-là, je rejoins la station de métro Châtelet, où je reste des heures, assis sur un banc, à attendre. Quoi ? Rien, bien sûr. L’espoir est mort depuis longtemps.
Si depuis dix ans je me plie à ce rite absurde, c’est pour m’empêcher de tourner définitivement la page. Ne pas oublier sans comprendre. Je sais qu’en restant un long moment dans ce décor de faïence, l’ordre du temps se brouille et hier redevient aujourd’hui.
Voilà deux heures que je guette les quais, à droite, à gauche, que j’observe les escaliers mécaniques monter, descendre, débarquer des foules d’inconnus qui apparaissent et disparaissent aussi vite. Bouches avides qui engloutissent et rejettent à chaque instant des milliers d’ombres qui se croisent dans une parfaite transparence. Si beaucoup pressent le pas, moi, je reste immobile à les observer. Fantômes identiques à ceux d’autrefois, quand j’errais d’une station à l’autre, l’angoisse au ventre.
Combien de jours, de semaines, ai-je passé à scruter ces visages anonymes, à arpenter les couloirs, à traverser les correspondances, à courir d’une ligne à l’autre ?
À attendre, surtout attendre. Combien de mois ai-je cherché sa silhouette dans cette population du sous-sol, m’attardant sur les plus mal vêtus, les plus égarés, les plus imbibés d’alcool ou de drogues. Je montrais sa photo aux clochards, aux chanteurs publics, aux dealers, en les priant de bien regarder pour me dire s’ils reconnaissaient ce jeune… Paul, mon fils.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Denis Labayle, médecin et écrivain, est l'auteur de nombreux textes. Certains de ses essais font aujourd'hui référence comme La vie devant nous et Tempête sur l'hôpital ou encore Pitié pour les hommes. Il a publié sept romans dont Cruelles retrouvailles (Prix du roman du Doubs en 2002, Prix Littré en 2003) et Parfum d'ébène (Prix du Roman d’amour 2004), mais aussi Rouge majeur et Noirs en blanc (Prix Armorice 2013).