Contes à Ninon (Annotée)

Fiction & Literature, Short Stories, Classics, Historical
Cover of the book Contes à Ninon (Annotée) by Émile Zola, Consumer Oriented Ebooks Publisher
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Author: Émile Zola ISBN: 1230001941814
Publisher: Consumer Oriented Ebooks Publisher Publication: September 29, 2017
Imprint: Language: French
Author: Émile Zola
ISBN: 1230001941814
Publisher: Consumer Oriented Ebooks Publisher
Publication: September 29, 2017
Imprint:
Language: French

*Ce livre est annoté (il contient une biographie détaillée de l'auteur).
*Une table des matières actives a été ajoutée par l'éditeur pour une meilleure expérience client.
*Ce livre a été vérifié et corrigé des erreurs d'orthographe.

Extrait du Livre:

Les voici donc, mon amie, ces libres récits de notre jeune âge, que je t’ai contés dans les campagnes de ma chère Provence, et que tu écoutais d’une oreille attentive, suivant vaguement du regard les grandes lignes bleues des collines lointaines.

Les soirs de mai, à l’heure où la terre et le ciel s’anéantissaient avec lenteur dans une paix suprême, je quittais la ville et gagnais les champs : les coteaux arides, couverts ça et là de ronces et de genévriers ; ou bien les bords de la petite rivière, ce torrent de décembre, si discret aux beaux jours ; ou encore un coin perdu de la plaine, tiède des embrasements de midi, vastes terrains jaunes et rouges, plantés d’amandiers aux branches maigres, de vieux oliviers grisonnants et de vignes laissant traîner sur le sol leurs ceps entrelacés.

Pauvre terre desséchée, elle flamboie au soleil, grise et nue, entre les prairies grasses et fertiles de la Durance et les bois d’orangers et de lauriers-roses du littoral. Je l’aime pour sa beauté âpre et sauvage, ses roches désolées, ses thyms et ses lavandes. Il y a dans ce vallon stérile je ne sais quel air brûlant de désolation : un étrange ouragan de passion semble avoir soufflé sur la contrée ; puis un grand accablement s’est fait, et les campagnes, ardentes encore, se sont comme endormies dans un dernier désir. Aujourd’hui, au milieu de mes forêts du Nord, lorsque je revois en pensée ces poussières et ces cailloux, je me sens un amour profond pour cette patrie sévère qui n’est pas la mienne. Sans doute, l’enfant rieur et les vieilles roches chagrines s’étaient autrefois pris de tendresse, et, maintenant, l’enfant devenu homme dédaigne les prés humides et les vertes allées, amoureux des grandes routes blanches et des montagnes brûlées et désertes, où son âme, fraîche de ses quinze ans, a rêvé ses premiers songes.

Je gagnais les champs, et là, au milieu des terres labourées ou sur les dalles des coteaux, lorsque je m’étais couché à demi, perdu dans cette paix et dans cette fraîcheur qui tombaient des profondeurs du ciel, je te trouvais, en tournant la tête, mollement couchée à ma droite, pensive, le menton dans la main, et me regardant de tes grands yeux. Tu étais l’ange de mes solitudes, mon bon ange gardien que j’apercevais près de moi, quelle que fût ma retraite ; sans doute tu lisais dans mon cœur mes secrets désirs, et tu t’asseyais partout à mon côté, ne pouvant être où je n’étais pas. Aujourd’hui j’explique ainsi ta présence de chaque soir. Autrefois, sans jamais te voir venir, je n’avais point d’étonnement à rencontrer sans cesse tes clairs regards : je te savais fidèle, toujours en moi.

Ma chère âme, tu me rendais plus douces les tristesses des soirées mélancoliques. Tu avais la beauté désolée de ces collines, leur pâleur de marbre, rougissante aux derniers baisers du soleil. Je ne sais quelle pensée éternelle élevait ton front et grandissait tes yeux. Puis, lorsqu’un sourire passait sur tes lèvres paresseuses, on eût dit, dans la jeunesse et la splendeur soudaine de ton visage, ce rayon de mai qui fait monter toutes fleurs et toutes verdures de cette terre frémissante, fleurs et verdures d’un jour que brûlent les soleils de juin. IL existait, entre toi et les horizons, de secrètes harmonies qui me faisaient aimer les pierres des sentiers. La petite rivière avait ta voix ; les étoiles, à leur lever, regardaient de ton regard ; toutes choses, autour de moi, souriaient de ton sourire.

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*Ce livre est annoté (il contient une biographie détaillée de l'auteur).
*Une table des matières actives a été ajoutée par l'éditeur pour une meilleure expérience client.
*Ce livre a été vérifié et corrigé des erreurs d'orthographe.

Extrait du Livre:

Les voici donc, mon amie, ces libres récits de notre jeune âge, que je t’ai contés dans les campagnes de ma chère Provence, et que tu écoutais d’une oreille attentive, suivant vaguement du regard les grandes lignes bleues des collines lointaines.

Les soirs de mai, à l’heure où la terre et le ciel s’anéantissaient avec lenteur dans une paix suprême, je quittais la ville et gagnais les champs : les coteaux arides, couverts ça et là de ronces et de genévriers ; ou bien les bords de la petite rivière, ce torrent de décembre, si discret aux beaux jours ; ou encore un coin perdu de la plaine, tiède des embrasements de midi, vastes terrains jaunes et rouges, plantés d’amandiers aux branches maigres, de vieux oliviers grisonnants et de vignes laissant traîner sur le sol leurs ceps entrelacés.

Pauvre terre desséchée, elle flamboie au soleil, grise et nue, entre les prairies grasses et fertiles de la Durance et les bois d’orangers et de lauriers-roses du littoral. Je l’aime pour sa beauté âpre et sauvage, ses roches désolées, ses thyms et ses lavandes. Il y a dans ce vallon stérile je ne sais quel air brûlant de désolation : un étrange ouragan de passion semble avoir soufflé sur la contrée ; puis un grand accablement s’est fait, et les campagnes, ardentes encore, se sont comme endormies dans un dernier désir. Aujourd’hui, au milieu de mes forêts du Nord, lorsque je revois en pensée ces poussières et ces cailloux, je me sens un amour profond pour cette patrie sévère qui n’est pas la mienne. Sans doute, l’enfant rieur et les vieilles roches chagrines s’étaient autrefois pris de tendresse, et, maintenant, l’enfant devenu homme dédaigne les prés humides et les vertes allées, amoureux des grandes routes blanches et des montagnes brûlées et désertes, où son âme, fraîche de ses quinze ans, a rêvé ses premiers songes.

Je gagnais les champs, et là, au milieu des terres labourées ou sur les dalles des coteaux, lorsque je m’étais couché à demi, perdu dans cette paix et dans cette fraîcheur qui tombaient des profondeurs du ciel, je te trouvais, en tournant la tête, mollement couchée à ma droite, pensive, le menton dans la main, et me regardant de tes grands yeux. Tu étais l’ange de mes solitudes, mon bon ange gardien que j’apercevais près de moi, quelle que fût ma retraite ; sans doute tu lisais dans mon cœur mes secrets désirs, et tu t’asseyais partout à mon côté, ne pouvant être où je n’étais pas. Aujourd’hui j’explique ainsi ta présence de chaque soir. Autrefois, sans jamais te voir venir, je n’avais point d’étonnement à rencontrer sans cesse tes clairs regards : je te savais fidèle, toujours en moi.

Ma chère âme, tu me rendais plus douces les tristesses des soirées mélancoliques. Tu avais la beauté désolée de ces collines, leur pâleur de marbre, rougissante aux derniers baisers du soleil. Je ne sais quelle pensée éternelle élevait ton front et grandissait tes yeux. Puis, lorsqu’un sourire passait sur tes lèvres paresseuses, on eût dit, dans la jeunesse et la splendeur soudaine de ton visage, ce rayon de mai qui fait monter toutes fleurs et toutes verdures de cette terre frémissante, fleurs et verdures d’un jour que brûlent les soleils de juin. IL existait, entre toi et les horizons, de secrètes harmonies qui me faisaient aimer les pierres des sentiers. La petite rivière avait ta voix ; les étoiles, à leur lever, regardaient de ton regard ; toutes choses, autour de moi, souriaient de ton sourire.

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