Author: | Alphonse de Lamartine | ISBN: | 1230003181935 |
Publisher: | Paris, L. Hachette et cie., 1853 - 1869 | Publication: | April 13, 2019 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Alphonse de Lamartine |
ISBN: | 1230003181935 |
Publisher: | Paris, L. Hachette et cie., 1853 - 1869 |
Publication: | April 13, 2019 |
Imprint: | |
Language: | French |
Dieu se cache dans le détail des choses humaines, et il se dévoile dans l’ensemble. Aucun homme sensé n’a jamais nié que les grands événements qui composent la vie historique de l’humanité ne fussent reliés et coordonnés secrètement par un fil invisible suspendu à la main toute-puissante du souverain ordonnateur des mondes, pour les faire concourir à un dessein et à un plan. Comment celui qui a donné la lumière à l’œil serait-il aveugle ? Comment celui qui a donné la pensée à sa créature serait-il lui-même sans pensée ?
Les anciens appelaient ce plan occulte, absolu et irrésistible de Dieu dans les choses humaines, le Destin, la Fatalité ; les modernes l’appellent la Providence, nom plus intelligent, plus religieux et plus paternel. En étudiant l’histoire de l’humanité, il est impossible de ne pas reconnaître, par-dessus et par-dessous l’action libre de l’homme, l’action souveraine et transparente de la Providence. Cette action d’ensemble et de masse n’exclut en rien la liberté de nos actes, qui fait seule la moralité des individus et des peuples ; elle semble les laisser se mouvoir, agir, s’égarer avec une latitude complète d’intention ; de choix, du bien et du mal, dans une certaine sphère d’action et avec une certaine conséquence logique de peines encourues ou de rémunérations méritées, selon que leur intention a été plus droite ou plus viciée ; mais les grands résultats généraux de ces actes des individus ou des peuples lui appartiennent à elle seule. Elle semble se les réserver indépendamment de nous, pour des fins divines que nous ne connaissons pas ; et qu’elle nous laisse seulement entrevoir quand elles sont presque atteintes. Le bien et le mal sont de nous et sont à nous ; mais la Providence se joue de nos perversités comme de nos vertus ; et de ce bien et de ce mal elle tire avec une égale infaillibilité de sagesse l’accomplissement de son dessein sur l’humanité. L’instrument caché, mais divin, de cette Providence, quand elle daigne se servir des hommes pour préparer ou pour accomplir une partie de ses plans, c’est l’inspiration ! L’inspiration est véritablement un mystère humain dont il est difficile de trouver la source dans l’homme même. Elle semble venir de plus haut et de plus loin. Voilà pourquoi on lui a donné un nom mystérieux aussi, et qui ne se définit bien dans aucune langue : génie. La Providence fait naître un homme de génie ; le génie est un don : il ne s’acquiert pas par le travail ; il ne s’obtient pas même par la vertu ; il est ou il n’est pas ; sans que celui-là même qui le possède puisse rendre compte de sa, nature et de sa possession. A ce génie, la Providence envoie une ‘inspiration. L’inspiration est au génie ce élue l’aimant est au métal. Elle l’attire, indépendamment de toute conscience et de toute volonté, vers quelque chose de fatal et d’inconnu, comme le pôle. Le génie suit cette inspiration qui l’entraîne, et un monde moral ou un monde physique est trouvé !
Dieu se cache dans le détail des choses humaines, et il se dévoile dans l’ensemble. Aucun homme sensé n’a jamais nié que les grands événements qui composent la vie historique de l’humanité ne fussent reliés et coordonnés secrètement par un fil invisible suspendu à la main toute-puissante du souverain ordonnateur des mondes, pour les faire concourir à un dessein et à un plan. Comment celui qui a donné la lumière à l’œil serait-il aveugle ? Comment celui qui a donné la pensée à sa créature serait-il lui-même sans pensée ?
Les anciens appelaient ce plan occulte, absolu et irrésistible de Dieu dans les choses humaines, le Destin, la Fatalité ; les modernes l’appellent la Providence, nom plus intelligent, plus religieux et plus paternel. En étudiant l’histoire de l’humanité, il est impossible de ne pas reconnaître, par-dessus et par-dessous l’action libre de l’homme, l’action souveraine et transparente de la Providence. Cette action d’ensemble et de masse n’exclut en rien la liberté de nos actes, qui fait seule la moralité des individus et des peuples ; elle semble les laisser se mouvoir, agir, s’égarer avec une latitude complète d’intention ; de choix, du bien et du mal, dans une certaine sphère d’action et avec une certaine conséquence logique de peines encourues ou de rémunérations méritées, selon que leur intention a été plus droite ou plus viciée ; mais les grands résultats généraux de ces actes des individus ou des peuples lui appartiennent à elle seule. Elle semble se les réserver indépendamment de nous, pour des fins divines que nous ne connaissons pas ; et qu’elle nous laisse seulement entrevoir quand elles sont presque atteintes. Le bien et le mal sont de nous et sont à nous ; mais la Providence se joue de nos perversités comme de nos vertus ; et de ce bien et de ce mal elle tire avec une égale infaillibilité de sagesse l’accomplissement de son dessein sur l’humanité. L’instrument caché, mais divin, de cette Providence, quand elle daigne se servir des hommes pour préparer ou pour accomplir une partie de ses plans, c’est l’inspiration ! L’inspiration est véritablement un mystère humain dont il est difficile de trouver la source dans l’homme même. Elle semble venir de plus haut et de plus loin. Voilà pourquoi on lui a donné un nom mystérieux aussi, et qui ne se définit bien dans aucune langue : génie. La Providence fait naître un homme de génie ; le génie est un don : il ne s’acquiert pas par le travail ; il ne s’obtient pas même par la vertu ; il est ou il n’est pas ; sans que celui-là même qui le possède puisse rendre compte de sa, nature et de sa possession. A ce génie, la Providence envoie une ‘inspiration. L’inspiration est au génie ce élue l’aimant est au métal. Elle l’attire, indépendamment de toute conscience et de toute volonté, vers quelque chose de fatal et d’inconnu, comme le pôle. Le génie suit cette inspiration qui l’entraîne, et un monde moral ou un monde physique est trouvé !