Author: | Henry Gréville | ISBN: | 1230002182360 |
Publisher: | Jwarlal | Publication: | February 27, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Henry Gréville |
ISBN: | 1230002182360 |
Publisher: | Jwarlal |
Publication: | February 27, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Villeroy n’était pas rentré ; l’obscurité régnait dans la grande pièce où se mourait un feu de bois ; les volets n’étaient point clos ; la rue apparaissait grise et triste à travers les rideaux de guipure. La jeune fille referma la porte et se hâta de monter. Ce jour-là, les domestiques s’étaient un peu relâchés de leur service ; le gaz n’était allumé nulle part, excepté dans le vestibule, et on entendait des voix monter du sous-sol avec des intonations vulgaires. Madeleine sonna sa femme de chambre, qui se présenta les yeux plus brillants et le nez plus retroussé que de coutume.
- Maman est rentrée ? demanda-t-elle.
- Non, mademoiselle, non, Madame n’est pas rentrée, répondit la jeune personne en s’affairant dans les armoires.
La robe sombre de Madeleine fut bientôt remplacée par une autre de nuance claire ; son père aimait les gris fins et tendres qui encadraient si bien la délicate beauté blonde de son unique enfant. Elle noua un ruban autour de sa taille, attacha une agrafe de turquoises à son cou et se trouva prête.
Elle ferma les yeux sur cette parole. Ses cils noirs portaient une ombre foncée sur ses joues pâles, déjà précédemment amaigries. Platon éprouva un vague sentiment d’effroi.
Le petit domestique vint chercher le plateau.
Mourief, puis Sophie s’approchèrent tour à tour de Dosia pour prendre de ses nouvelles. Sophie alla rejoindre la famille dans la salle à manger et ferma doucement la porte du balcon...
Platon était seul avec la jeune fille.
- Dosia ! dit-il après un moment d’hésitation.
Elle ouvrit les yeux qu’elle avait refermés, et un flot de sang lui monta au visage.
- Dosia ! reprit le jeune homme, j’ai été très dur avec vous... je vous prie de me le pardonner.
Elle étendit sa main comme pour l’empêcher de parler ; il prit cette main glacée et la garda dans la sienne.
- J’avais dans l’esprit, continua-t-il, un idéal de perfection chimérique ; je voulais vous obliger à lui devenir semblable... J’ai eu tort : toute créature a ses instincts, ses sentiments, ses impressions qui lui sont propres et qui lui font une originalité ; - vous ne pouviez pas...
- Être pareille à Sophie ? interrompit Dosia avec un soupir. Oh ! non !
Elle retira sa main que Platon essayait timidement de retenir, poussa un second soupir et détourna les yeux.
- Telle que vous êtes, Dosia, reprit Platon, vous êtes bonne et charmante ; vous méritez l’estime et l’affection de tous... et vous l’avez.
Villeroy n’était pas rentré ; l’obscurité régnait dans la grande pièce où se mourait un feu de bois ; les volets n’étaient point clos ; la rue apparaissait grise et triste à travers les rideaux de guipure. La jeune fille referma la porte et se hâta de monter. Ce jour-là, les domestiques s’étaient un peu relâchés de leur service ; le gaz n’était allumé nulle part, excepté dans le vestibule, et on entendait des voix monter du sous-sol avec des intonations vulgaires. Madeleine sonna sa femme de chambre, qui se présenta les yeux plus brillants et le nez plus retroussé que de coutume.
- Maman est rentrée ? demanda-t-elle.
- Non, mademoiselle, non, Madame n’est pas rentrée, répondit la jeune personne en s’affairant dans les armoires.
La robe sombre de Madeleine fut bientôt remplacée par une autre de nuance claire ; son père aimait les gris fins et tendres qui encadraient si bien la délicate beauté blonde de son unique enfant. Elle noua un ruban autour de sa taille, attacha une agrafe de turquoises à son cou et se trouva prête.
Elle ferma les yeux sur cette parole. Ses cils noirs portaient une ombre foncée sur ses joues pâles, déjà précédemment amaigries. Platon éprouva un vague sentiment d’effroi.
Le petit domestique vint chercher le plateau.
Mourief, puis Sophie s’approchèrent tour à tour de Dosia pour prendre de ses nouvelles. Sophie alla rejoindre la famille dans la salle à manger et ferma doucement la porte du balcon...
Platon était seul avec la jeune fille.
- Dosia ! dit-il après un moment d’hésitation.
Elle ouvrit les yeux qu’elle avait refermés, et un flot de sang lui monta au visage.
- Dosia ! reprit le jeune homme, j’ai été très dur avec vous... je vous prie de me le pardonner.
Elle étendit sa main comme pour l’empêcher de parler ; il prit cette main glacée et la garda dans la sienne.
- J’avais dans l’esprit, continua-t-il, un idéal de perfection chimérique ; je voulais vous obliger à lui devenir semblable... J’ai eu tort : toute créature a ses instincts, ses sentiments, ses impressions qui lui sont propres et qui lui font une originalité ; - vous ne pouviez pas...
- Être pareille à Sophie ? interrompit Dosia avec un soupir. Oh ! non !
Elle retira sa main que Platon essayait timidement de retenir, poussa un second soupir et détourna les yeux.
- Telle que vous êtes, Dosia, reprit Platon, vous êtes bonne et charmante ; vous méritez l’estime et l’affection de tous... et vous l’avez.