Author: | Hendrik Conscience | ISBN: | 1230002539546 |
Publisher: | Michel Lévy Frères, éditeurs, 1856 | Publication: | September 9, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Hendrik Conscience |
ISBN: | 1230002539546 |
Publisher: | Michel Lévy Frères, éditeurs, 1856 |
Publication: | September 9, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait; Il faisait extrêmement froid dans les derniers jours du mois de janvier 1841. Les rues de la ville d’Anvers avaient pris leur vêtement d’hiver et resplendissaient d’une éclatante blancheur. Pourtant la neige ne tombait pas en moelleux flocons, et ne réjouissait pas l’œil en s’éparpillant capricieusement comme un léger duvet ; au contraire, rude comme la grêle, elle fouettait bruyamment les vitres des maisons closes avec soin, et le souffle piquant du nord renvoyait bientôt près du poêle embrasé la plupart de ceux qui se risquaient sur le seuil de leur demeure.
Malgré la rigueur du froid, et bien qu’il ne fût que neuf heures du matin, on voyait, grâce au vendredi [1], circuler beaucoup de monde. Les jeunes gens s’efforçaient de se réchauffer en accélérant le pas, les bons bourgeois soufflaient dans leurs doigts en claquant des dents, et les ouvriers se frappaient le corps à tour de bras.
En cet instant, une jeune femme traversait lentement la rue de la Boutique, dont elle devait bien connaître les habitudes, car elle allait d’une maison d’indigents à l’autre et ne sortait d’aucune sans qu’une expression de douce satisfaction se peignît sur ses traits. Un manteau de satin, doublé de chaude ouate sans doute, enveloppait sa taille élégante ; un chapeau de velours encadrait son gracieux visage et ses joues, légèrement empourprés par la vivacité de l’air. Un boa s’enroulait autour de son cou, et ses mains se dissimulaient dans un manchon charmant. Cette jeune dame, qui paraissait d’une condition aisée, touchait au seuil d’une maison dans laquelle elle semblait près d’entrer, lorsqu’elle aperçut à quelque distance une dame qu’elle connaissait ; elle s’arrêta devant la porte de la pauvre demeure jusqu’à ce que son amie fût à quelques pas d’elle, et, s’avançant alors à sa rencontre avec un doux sourire, elle lui dit :
Extrait; Il faisait extrêmement froid dans les derniers jours du mois de janvier 1841. Les rues de la ville d’Anvers avaient pris leur vêtement d’hiver et resplendissaient d’une éclatante blancheur. Pourtant la neige ne tombait pas en moelleux flocons, et ne réjouissait pas l’œil en s’éparpillant capricieusement comme un léger duvet ; au contraire, rude comme la grêle, elle fouettait bruyamment les vitres des maisons closes avec soin, et le souffle piquant du nord renvoyait bientôt près du poêle embrasé la plupart de ceux qui se risquaient sur le seuil de leur demeure.
Malgré la rigueur du froid, et bien qu’il ne fût que neuf heures du matin, on voyait, grâce au vendredi [1], circuler beaucoup de monde. Les jeunes gens s’efforçaient de se réchauffer en accélérant le pas, les bons bourgeois soufflaient dans leurs doigts en claquant des dents, et les ouvriers se frappaient le corps à tour de bras.
En cet instant, une jeune femme traversait lentement la rue de la Boutique, dont elle devait bien connaître les habitudes, car elle allait d’une maison d’indigents à l’autre et ne sortait d’aucune sans qu’une expression de douce satisfaction se peignît sur ses traits. Un manteau de satin, doublé de chaude ouate sans doute, enveloppait sa taille élégante ; un chapeau de velours encadrait son gracieux visage et ses joues, légèrement empourprés par la vivacité de l’air. Un boa s’enroulait autour de son cou, et ses mains se dissimulaient dans un manchon charmant. Cette jeune dame, qui paraissait d’une condition aisée, touchait au seuil d’une maison dans laquelle elle semblait près d’entrer, lorsqu’elle aperçut à quelque distance une dame qu’elle connaissait ; elle s’arrêta devant la porte de la pauvre demeure jusqu’à ce que son amie fût à quelques pas d’elle, et, s’avançant alors à sa rencontre avec un doux sourire, elle lui dit :