Au coin du feu

Fiction & Literature, Classics
Cover of the book Au coin du feu by JOSEPH FERDINAND MORISSETTE, GILBERT TEROL
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Author: JOSEPH FERDINAND MORISSETTE ISBN: 1230000213264
Publisher: GILBERT TEROL Publication: January 27, 2014
Imprint: Language: French
Author: JOSEPH FERDINAND MORISSETTE
ISBN: 1230000213264
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: January 27, 2014
Imprint:
Language: French

Lucien Lanouette était un joli garçon de vingt-quatre à vingt-cinq ans.

Je dis joli, mais le mot est peut-être exagéré. Il avait les yeux d’un beau noir, les cheveux de la même couleur et bouclés, une figure souriante qui plaisait dès le premier abord. Il était grand — il mesurait cinq pieds et dix pouces, — mais pas bien gros. En un mot, à première vue, il pouvait passer pour un beau garçon.

Un critique sévère aurait bien trouvé à redire sur sa bouche un peu trop grande, sur ses oreilles un peu trop rabattues, comme me disait une jeune fille qui le trouvait détestable, parce qu’il n’avait pas voulu d’elle pour femme ; mais dans la paroisse de Sainte-Anne de la Pérade, où demeurait Lucien, les critiques étaient rares dans le temps et on trouvait mon héros bien joli. En effet, c’était bien le plus beau garçon de la paroisse.

Lucien était commis chez un marchand de l’endroit depuis plus de cinq ans, au moment où nous lions connaissance avec lui. Son patron l’aimait et il avait bien raison. C’était le type du bon commis : poli, courtois, affable. Les pratiques de M. Pierre Marcotte — c’était le nom du marchand, — en raffolaient.

Et les jeunes filles, donc ?

Elles venaient de dix lieues à la ronde, faire leurs petites emplettes chez M. Marcotte.

Je n’oserais dire que quelques-unes d’entre elles ne faisaient pas un tout petit peu les yeux doux au commis.

Que voulez-vous, des jeunes gens comme Lucien, c’était chose rare à Sainte-Anne, et n’était-il pas tout naturel que les jeunes filles eussent de toutes préférences pour un jeune homme aussi parfait que lui.

Quoiqu’il en soit, Lucien ne paraissait pas disposé à entrer dans la matrimonie, puisqu’il ne répondait nullement aux avances des jolies jeunes filles.

On en parlait dans la paroisse, et personne ne pouvait expliquer l’antipathie qu’éprouvait Lucien pour les filles. Bien des mères auraient désiré l’avoir pour gendre.

Lucien était un bon parti, pas riche, faut dire, mais il avait une bonne position.

L’argent a-t-il jamais fait le bonheur ? On a trop de preuves du contraire pour le croire.

Je disais plus haut que personne ne pouvait expliquer l’antipathie que semblait éprouver Lucien pour les filles.

C’était une erreur.

Il y avait quelqu’un dans la paroisse qui savait fort bien pourquoi Lucien ne s’amusait pas aux demoiselles de l’endroit.

Et ce quelqu’un, c’était Marie-Louise, la fille de Marcotte, le marchand.

Disons de suite que jamais Lucien ne lui avait parlé d’amour. Mais avec cette intuition qu’a généralement la femme, elle avait senti qu’elle était aimée.

En fut-elle fâchée ? Son ange gardien qu’elle priait chaque soir, aurait seul pu le dire.

Mais à la voir à genoux dans sa chambrette, les mains jointes, la figure rayonnante de bonheur, on pouvait supposer qu’elle ne demandait pas à Dieu, d’éloigner de Lucien, l’amour qu’il avait pour elle.

Il y avait bien quatre ans qu’ils s’aimaient au moment où commence notre récit.

Lucien continuait à vivre auprès de celle à laquelle il avait donné tout son amour et comme je le disais plus haut, il n’avait jamais osé ouvrir son cœur à la fille de son patron.

Pourquoi agissait-il ainsi ?

C’est que Lucien avait sa fierté à lui, fierté bien pardonnable, mais qui n’avait pas sa raison d’être.

Lucien était pauvre et se figurait que c’était un crime, dans la position où il se trouvait, d’oser lever les yeux sur la fille de son patron.

Vous ai-je dit que Marie-Louise était belle ?

Non ; eh ! bien, je m’empresse de réparer mon oubli.

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Lucien Lanouette était un joli garçon de vingt-quatre à vingt-cinq ans.

Je dis joli, mais le mot est peut-être exagéré. Il avait les yeux d’un beau noir, les cheveux de la même couleur et bouclés, une figure souriante qui plaisait dès le premier abord. Il était grand — il mesurait cinq pieds et dix pouces, — mais pas bien gros. En un mot, à première vue, il pouvait passer pour un beau garçon.

Un critique sévère aurait bien trouvé à redire sur sa bouche un peu trop grande, sur ses oreilles un peu trop rabattues, comme me disait une jeune fille qui le trouvait détestable, parce qu’il n’avait pas voulu d’elle pour femme ; mais dans la paroisse de Sainte-Anne de la Pérade, où demeurait Lucien, les critiques étaient rares dans le temps et on trouvait mon héros bien joli. En effet, c’était bien le plus beau garçon de la paroisse.

Lucien était commis chez un marchand de l’endroit depuis plus de cinq ans, au moment où nous lions connaissance avec lui. Son patron l’aimait et il avait bien raison. C’était le type du bon commis : poli, courtois, affable. Les pratiques de M. Pierre Marcotte — c’était le nom du marchand, — en raffolaient.

Et les jeunes filles, donc ?

Elles venaient de dix lieues à la ronde, faire leurs petites emplettes chez M. Marcotte.

Je n’oserais dire que quelques-unes d’entre elles ne faisaient pas un tout petit peu les yeux doux au commis.

Que voulez-vous, des jeunes gens comme Lucien, c’était chose rare à Sainte-Anne, et n’était-il pas tout naturel que les jeunes filles eussent de toutes préférences pour un jeune homme aussi parfait que lui.

Quoiqu’il en soit, Lucien ne paraissait pas disposé à entrer dans la matrimonie, puisqu’il ne répondait nullement aux avances des jolies jeunes filles.

On en parlait dans la paroisse, et personne ne pouvait expliquer l’antipathie qu’éprouvait Lucien pour les filles. Bien des mères auraient désiré l’avoir pour gendre.

Lucien était un bon parti, pas riche, faut dire, mais il avait une bonne position.

L’argent a-t-il jamais fait le bonheur ? On a trop de preuves du contraire pour le croire.

Je disais plus haut que personne ne pouvait expliquer l’antipathie que semblait éprouver Lucien pour les filles.

C’était une erreur.

Il y avait quelqu’un dans la paroisse qui savait fort bien pourquoi Lucien ne s’amusait pas aux demoiselles de l’endroit.

Et ce quelqu’un, c’était Marie-Louise, la fille de Marcotte, le marchand.

Disons de suite que jamais Lucien ne lui avait parlé d’amour. Mais avec cette intuition qu’a généralement la femme, elle avait senti qu’elle était aimée.

En fut-elle fâchée ? Son ange gardien qu’elle priait chaque soir, aurait seul pu le dire.

Mais à la voir à genoux dans sa chambrette, les mains jointes, la figure rayonnante de bonheur, on pouvait supposer qu’elle ne demandait pas à Dieu, d’éloigner de Lucien, l’amour qu’il avait pour elle.

Il y avait bien quatre ans qu’ils s’aimaient au moment où commence notre récit.

Lucien continuait à vivre auprès de celle à laquelle il avait donné tout son amour et comme je le disais plus haut, il n’avait jamais osé ouvrir son cœur à la fille de son patron.

Pourquoi agissait-il ainsi ?

C’est que Lucien avait sa fierté à lui, fierté bien pardonnable, mais qui n’avait pas sa raison d’être.

Lucien était pauvre et se figurait que c’était un crime, dans la position où il se trouvait, d’oser lever les yeux sur la fille de son patron.

Vous ai-je dit que Marie-Louise était belle ?

Non ; eh ! bien, je m’empresse de réparer mon oubli.

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