Author: | Henri Conscience | ISBN: | 1230000739597 |
Publisher: | pb | Publication: | October 25, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Henri Conscience |
ISBN: | 1230000739597 |
Publisher: | pb |
Publication: | October 25, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
— Oui, mon enfant.
— Non, non, cela n’est certes pas la raison, répliqua la jeune fille à
demi fâchée.
— Et quelle serait donc la raison, Lina ?
— Grand-père devient de plus en plus économe. Pour gagner quelques
sous au-dessus de sa journée, il travaillerait même toute la nuit, si c’était
possible. Le dimanche après-midi, il ne va plus jamais boire une pinte avec
ses amis, et il n’allume plus que rarement une pipe, lui qui auparavant
avait l’habitude de fumer presque constamment à la maison. Le tabac est
trop cher, dit-il. Vraiment, mère, cela me fait peine quand je le vois le
soir regarder autour de lui d’un air si préoccupé. Je sais bien ce que ses
yeux cherchent ; mais il résiste à la tentation, pour épargner une couple
de cents ; souvent mon coeur se gonfle de pitié et il me prend des envies
de pleurer ; mais, Dieu merci, cela ne durera plus longtemps.
— Non, cela ne durera plus longtemps, répéta la veuve avec un accent
de tristesse, encore quelques mois. Ma grave maladie, qui m’a tenue alitée
tout l’hiver, nous a mis en arrière. C’est un crève-coeur pour notre bon
père. Jamais il n’a pu supporter l’idée d’avoir des de?es si petites qu’elles
soient. Maintenant il travaille et il peine pour soulager nos épaules de ce
fardeau. Laisse-le faire, Lina ; tu sais que toutes les observations sur ce
point restent inutiles.
— Non, je ne le laisserai pas faire, murmura la jeune fille d’un ton
résolu. A?endez un peu, je saurai bien le forcer à fumer sa pipe comme
devant.
— Le forcer ? Comment t’y prendras-tu ?
— Vous verrez, ma mère, quand il sera temps.
En achevant ces paroles, elle se dirigea vers un coin de la pièce, prit
son carreau de dentellière et vint s’asseoir près de la table. Elle découvrit
une large dentelle déjà en partie achevée et se mit à entremêler vivement
ses fuseaux en répétant joyeusement :
— Oui, mon enfant.
— Non, non, cela n’est certes pas la raison, répliqua la jeune fille à
demi fâchée.
— Et quelle serait donc la raison, Lina ?
— Grand-père devient de plus en plus économe. Pour gagner quelques
sous au-dessus de sa journée, il travaillerait même toute la nuit, si c’était
possible. Le dimanche après-midi, il ne va plus jamais boire une pinte avec
ses amis, et il n’allume plus que rarement une pipe, lui qui auparavant
avait l’habitude de fumer presque constamment à la maison. Le tabac est
trop cher, dit-il. Vraiment, mère, cela me fait peine quand je le vois le
soir regarder autour de lui d’un air si préoccupé. Je sais bien ce que ses
yeux cherchent ; mais il résiste à la tentation, pour épargner une couple
de cents ; souvent mon coeur se gonfle de pitié et il me prend des envies
de pleurer ; mais, Dieu merci, cela ne durera plus longtemps.
— Non, cela ne durera plus longtemps, répéta la veuve avec un accent
de tristesse, encore quelques mois. Ma grave maladie, qui m’a tenue alitée
tout l’hiver, nous a mis en arrière. C’est un crève-coeur pour notre bon
père. Jamais il n’a pu supporter l’idée d’avoir des de?es si petites qu’elles
soient. Maintenant il travaille et il peine pour soulager nos épaules de ce
fardeau. Laisse-le faire, Lina ; tu sais que toutes les observations sur ce
point restent inutiles.
— Non, je ne le laisserai pas faire, murmura la jeune fille d’un ton
résolu. A?endez un peu, je saurai bien le forcer à fumer sa pipe comme
devant.
— Le forcer ? Comment t’y prendras-tu ?
— Vous verrez, ma mère, quand il sera temps.
En achevant ces paroles, elle se dirigea vers un coin de la pièce, prit
son carreau de dentellière et vint s’asseoir près de la table. Elle découvrit
une large dentelle déjà en partie achevée et se mit à entremêler vivement
ses fuseaux en répétant joyeusement :